Tourisme colonial français
Au Cambodge
LE BOKOR, STATION D’ALTITUDE
Quand on n’a jamais franchi le Canal de Suez, il est très difficile de s’imaginer ce que peut être le tourisme dans nos colonies d’Asie. Dûssent les amateurs de couleur locale exotique subir une grosse déception, il faut leur avouer que dix mille voitures automobiles circulent entre Saïgon, PnomPenh, Hué et Hanoï sur des routes qui feraient le bonheur de beaucoup de régions de la France. Sur ces routes admirables, la vitesse est de règle, car les agglornérations sont rarement traversées par la route, mais plus souvent contournées par elle, et les croisements, si dangereux en France, sont presque inconnus.
Les dimanches et les jours de fête, les grandes villes se vident au profit des stations balnéaires ou d’altitude
Le Tourisme usant d’un réseau de route aussi considérable et aussi bien entretenu s’est largement développé et tout comme en France, les dimanches et les jours de fête, les grandes villes se vident au profit des stations balnéaires ou d’altitude. Le Cambodge, jusqu’à cette dernière décade, était un peu en retard sur ce mouvement, mais aujourd’hui son réseau routier en voie continuelle d’accroissement atteint 2 000 kilomètres et les touristes viennent nombreux, attirés par les admirables Ruines d’Angkor —temple et ville millénaires endormis sous la forêt tropicale— et par le charme prenant du Golfe du Siam et de la station d’altitude le «Bokor».
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Le Bokor jouit du curieux privilège d’être une Station d’altitude et en même temps une Station maritime.
Des terrasses du Palace inaugurées en mars de l’année dernière on domine tout l’admirable Golfe de Siam qui, onze cents mètres plus bas, baigne les pieds de l’éperon sur lequel la station est construite; c’est une situation impressionnante et unique.
Pour y accéder de Kampot, qui est le chef-lieu de la province du même nom et qui se trouve au pied de cette falaise unique (dernier contrefort de la Chaîne de l’Éléphant), une route a été construite qui, par 22 kilomètres de côte, grimpe à travers la haute forêt vierge. Aucune pente de cette voie large et bien entretenue ne dépasse 10%, c’est-à-dire que n’importe quelle auto la gravit sans fatigue. Cette route est une merveille touristique; elle présente aussi un intérêt économique de premier ordre, la forêt qu’elle traverse est riche en essences forestières et en produits de toutes sortes, elle débloque toute une région pour laquelle les plus belles espérances sont permises.
La grande île de Phu-Quoc, vue d’ici, paraît tenir dans le creux de la main
Pour les yeux, c’est un éblouissement. La mer au loin sous le grand soleil tropical prend des teintes étonnantes, des rouges, des bleus très doux, des blancheurs transparentes et laiteuses qui ont fait donner à cette côte le nom de «Côte d’Opale» Au milieu de la ligne d’horizon et en rompant la monotonie, un joyau d’émeraude ciselé: la grande île de Phu-Quoc, qui, vue d’ici, paraît tenir dans le creux de la main.
L’hôtel est chauffé par des radiateurs électriques
L’installation du Bokor est en tous points parfaite : vaste palace, doublé pour les bourses moyennes d’un hôtel de prix très accessible, villa particulière, poste, ambulance, usine électrique qui fournit de la lumière aux maisons et aux avenues et qui fournit même de la chaleur (l’hôtel est chauffé par des radiateurs électriques).
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Campocasso,
Conservateur du Musée éconornique du Cambodge, Directeur de l’Office local du Tourisme