Serpentant dans l’impressionnant décor de la forêt tropicale, une route mène à la cité du Bokor, autre intéressante réalisation du département du tourisme.
À 1 000 mètres d’altitude, sur un plateau limité au sud par la falaise, au nord par un val – le val d’Émeraude, – la cité du Bokor, inaugurée en janvier 1962, est à la fois une station d’altitude et une station de repos.
Outre un admirable panorama : la mer au sud, la montagne vers le nord et, vers l’est, de superbes échappées sur l’immense puzzle des rizières, le visiteur trouve une température des plus agréables.
Luxueux et confortable, le Bokor-Palace est là pour le recevoir. Aux moindres frais, mais plus rustiquement, il pourra loger également à l’hôtel-restaurant du Casino, casino (interdit aux nationaux) où il pourra risquer quelques riels à la roulette ou s’initier aux secrets du mah-jong, du tai-xieu (grand jeu et petit jeu), du jeu des douze bêtes ou du jeu des haricots.
À l’aplomb de la falaise, le Wat Sampeou Pram, un petit temple aussi appelé Pagode des cinq jonques, veille sur l’horizon marin. Il tire son nom de cinq fantastiques jonques pointant vers l’est leur proue de pierre grise, posées là au sommet du mont, avant l’aube des temps, façonnées au cours des millénaires par le vent et les embruns, la pluie, les tempêtes et l’ouragan.
Visitant le centre agricole Preah Sihanouk, abrité au fond du val d’Émeraude, le touriste y trouvera cresson, melons et chicorée, fraises et framboises, collections de roses et de dahlias, chrysanthèmes et hortensias.
À 8 kilomètres de la falaise du Bokor, d’une faille creusée au flanc de la montagne, monte l’incessante rumeur des eaux tombant des hauteurs en blancs et vaporeux panaches et se brisant plus bas sur la roche dans le brouillard des embruns qu’irise parfois un rayon de soleil filtrant à travers les frondaisons d’alentour. Ce sont les chutes de Popokvil, ” là où tournent les nuages “.
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Le Monde
8/10/1963