En continuant vers l’ouest, par la route qui conduit à Réam, extrême pointe des territoires français du Sud de l’Indochine, et en bifurquant à vingt kilomètres de Kampot, l’auto s’engage dans un chemin ravissant, qui s’élève lentement vers le Plateau du Bokor, à travers la forêt.
Les lacets serpentent sous bois et des éclaircies bien aménagées donnent des échappées lumineuses sur le Golfe de Siam parsemé d’îlots et inondé de soleil
Quand on arrive au col après une montée de trente kilomètres, iI en reste encore cinq pour atteindre la station même du Bokor et le plateau que l’on traverse est un peu décevant
Un hôtel important mais déserté
Le Bokor lui-même est sur ce plateau. Il ne comprend qu’un hôtel important mais déserté, quelques abris couverts de tôle ondulée, et deux ou trois villas assez piteuses disséminées sur un vaste terre-plein rocailleux et sans arbres.
Tout cela n’est pas très gai et explique la rareté des estivants, rebutés d’autre part par la fréquence des nuages qui obscurcissent ce coin d’Indo-Chine pendant les trois quarts de l’année.
Ce jour de novembre où nous sommes au Bokor, il fait heureusement un temps splendide et le panorama à lui seul paie largement les fatigues d’un long trajet; il est de toute beauté.
L’île rocheuse de Phu Quoc se détache, telle Capri, sur une mer bleu turquoise ; les forêts descendent en cascadant les pentes du promontoire et, vers l’ouest, le Golfe du Siam se perd dans l’infini sous un ciel d’une pureté irréelle.
Les couchers de soleil au Bokor sont émouvants.