Le Bo’kor et la Côte d’Opale
VIII.
Excursions
à faire en auto
Deux groupes principaux de promenades dont l’une mérite d’être faite souvent, s’offrent, dès à présent, aux excursionnistes du Bo’kor. D’ici peu, d’ailleurs, plusieurs routes dont le tracé est déjà préparé, permettront d’adjoindre à ces deux promenades deux autres circuits de tour d’inspection, qui, avec les promenades actuelles, constitueront sur le plateau même du Bo’kor un réseau routier de plus de 100 kilomètres.
Premier groupe de promenades: Popokvil.
Pour se rendre à Popokvil en auto, redescendre jusqu’au km. 29 la montée de la route que l’on a gravie pour se rendre au Bo’kor. Au Km. 29, un écriteau à gauche indique la bifurcation de la route, sinueuse et extrêmement accidentée, qui mène aux chutes de la rivière de Popokvil. Cette route descend après une série de lacets, d’où l’on découvre dessous bois pittoresques, jusque dans une vallée où l’on traverse une première fois un coude de la rivière. À noter, avant d’arriver au pont qui traverse la rivière, à droite et à gauche de la route, en face l’un de l’autre, deux rochers dont la forme est aisément reconnaissable: le marteau et l’enclume, que nos lecteurs verront dans les gravures de ce guide.
Après la traversée de la plaine, la roule remonte une première fois, mais plus légèrement, pour redescendre encore dans une autre vallée où se trouvent les vestiges d’un jardin d’essai dont le projet a été abandonné aujourd’hui. Après quoi la route remonte en une série de lacets à peu près parallèles à ceux de la première descente et on ne tarde pas à entendre le grondement, significatif, aux hautes et moyennes eaux, de la rivière et des chutes de Popokvil.
En effet, à peine a-t-on franchi un pont très pittoresque sur le second coude de la rivière qu’on arrive à une sorte de clairière où se termine actuellement la roule et d’où l’on aperçoit les chutes magnifiques et le site absolument enchanteur de la cascade.
Popokvil (en cambodgien: le lieu des nuages qui tournent) a retenu tout d’abord l’attention des premiers colonisateurs du Bo’kor. C’était à cet endroit que les premiers projets avaient prévu l’édification d’une station d’altitude. On voit encore, auprès d’un kiosque abandonné, un certain nombre de vestiges des maisons d’habitation des premiers colons. Mieux encore, on trouve à Popokvil, tout le long de la merveilleuse cascade, de très nombreux champs de framboises de la Réunion, dont les premiers plants, apportés par un des premiers habitants de Popokvil, se sont fort bien multipliés dans ce climat qui parait leur convenir parfaitement. Les framboises de la Réunion ressemblent assez à des fraises, elles ont un parfum très agréable et seront un véritable régal en toute saison pour les touristes.
Mais ne nous attardons pas à la description de la clairière de Popokvil et descendons par le petit sentier Très accidenté qui, à gauche, conduit à la première cascade et, à droite, à la deuxième. Cela commence à être du véritable tourisme de montagne et la descente n’est pas extrêmement facile, mais combien les voyageurs seront récompensés quand, après quelque gymnastique, agréable malgré tout, sous ce climat frais, ils parviendront aux eaux jaillissantes de la première et de la deuxième cascade. Ces deux cascades représentent une sorte dédouble et immense faille qui fait tomber les eaux de la rivière de Popokvil d’abord d’une quinzaine puis d’une vingtaine de mètres, formant ainsi une cascade à deux gradins de plus de 35 mètres de hauteur.
La première cascade est, à la saison des pluies, d’accès difficile, étant donné la force des eaux. Chose curieuse néanmoins, ces eaux, au lieu de se précipiter du haut du seuil de la rivière, sourdent d’entre les énormes blocs de grès et tombent en une série de nappes successives dans le premier lit de la cascade. Après quoi, de nouveau, les eaux, rassemblées en masse, tombent cette fois d’un seul élan pour former la deuxième cascade, de beaucoup la plus à pic. En saison des pluies, le spectacle est vraiment merveilleux, mais pour ceux qui, moins favorisés parviendraient à Popokvil qu’aux moyennes eaux, voire en saison sèche, le spectacle sera tout de même fort curieux du mécanisme, si l’on peut dire, de celte cascade, dont ils apercevront mieux la double étape.
Ajoutons aussi qu’en saison des moyennes eaux, ils pourront, d’autre part, contempler les très curieuses et immenses « marmites de géants», excavations formées par l’usure des gros blocs de grès entraînés par le courant. Ces marmites de géants font naître des tourbillons tout à fait curieux et très caractéristiques des torrents à lit gréseux ; d’autre part, à la deuxième cascade, également aux moyennes eaux, les touristes pourront pénétrer dans une grotte qui se trouve sous les deux cascades et à laquelle les eaux jaillissantes forment comme un mouvant rideau.
Les fantastiques blocs de grès qui, éboulés de la masse, remplissent tout le lit de la rivière, émergent çà et là, colorés de teintes lie de vin ou ocre vif par toutes sortes de lichens. De chaque côté de celle curieuse rivière, une végétation extraordinaire de forêt vierge, avec les plus belles fougères arborescentes que l’on puisse contempler en Indochine.
Aux touristes que n’effraieraient pas les excursions difficiles, nous conseillons de se faire accompagner d’un guide et de visiter les autres cascades d e la même rivière de Popokvil, laquelle aboutit, après une série de chutes, jusqu’au Kamliav, où elle vient se jeter.
Au retour de Popokvil, une promenade est à faire à pied, promenade ravissante que les initiés retrouveront toujours avec plaisir. Cette promenade est celle qui est constituée par le sentier en lacets qui part du second coude de la rivière et qui va retrouver, à deux km. le premier coude traversé par la route. Un sentier a été tracé le long de la rivière, si calme avant ses chutes qu’elle paraît presque immobile. Les eaux en sont d’une coloration très particulière, à cause de la présence de Diatomées (algues microscopiques)qui lui donnent une couleur d’un rouge brunâtre. Le bord de la rivière longé par un sentier, a été aménagé avec beaucoup d’art et on peut dire que cette promenade est tout à fait l’analogue de celle (pie les touristes du Langbian trouveront, à Dalat, sur les bords du Camly.
Deuxième groupe de promenades: Le Robinson
Une autre promenade celle du « Robinson», au-dessus du site Albert Sarraut, est une excursion qui prendra une grande partie de la journée et qu’il est nécessaire de faire en auto, vu la distance. On redescend jusqu’au km 22 de la route de Kampot au Bo’kor, mais non sans s’arrêter auprès de plusieurs sites qui méritent une visite.
Le premier arrêt peut se faire au km. 29,150. Un sentier, sur la droite, mène par un circuit à travers différents sites rocheux, jusqu’au km 28,400 de la route. On peut donc faire arrêter l’auto à l’entrée de ce sentier au Km.29,150 et la l’aire redescendre par le chauffeur jusqu’au km. 28,100 où elle attendra les touristes.
Le sentier escalade tout d’abord des collines très boisées, c’est un petit sentier ombreux et frais comme tant d’autres sentiers du Bo’kor, mais au bout de 1 km. environ, on arrive à un ensemble de roches de grès, dont les blocs bizarrement découpés affectent la forme de trois géants qui regardent vers la vallée de Popokvil. Le site domine en effet un panorama assez étendu. À cause de leur forme, d’allure très aventureuse, les trois rochers en question ont été surnommés « les trois Mousquetaires». Ils sont côte à côte et paraissent regarder, de façon très martiale, le paysage.
On redescendra, en partant, le prolongement du même sentier pour retomber vers la route où attend l’auto. Un peu plus loin, entre les km 25 et 21, sur la droite également, un groupe de rochers mérite une visite. D’ailleurs, un sentier part de ce groupe rocheux dont la masse affecte la forme de certains bénitiers d’églises de campagne. On reconnaîtra facilement ces rochers en passant sur la route. D’ailleurs, une échelle visible de ceux qui pas eut en auto permettra d’arrêter juste à l’endroit voulu.
Du groupe des «rochers des Bénitiers», part un sentier qui, à travers un défilé rocheux très boisé et très intéressant, mène au rocher du Tigre et à la Terrasse des Éléphants. À noter, sur la droite, des masses de grès où les géologues reconnaîtront le type de roches de grès botryoïdes, ce qui veut tout simplement dire, pour les non géologues: « rochers en forme de grains de raisins». On dirait en effet que la masse rocheuse elle-même, rodée par les eaux en une multitude de petites excavations, affecte la forme d’une énorme grappe de raisins noirs.
Au reste, ce ne sont pas là les seuls rochers botryoïdes du Bo’kor. Un assez grand nombre de loches, çà et là, affectent cette forme.
On traverse, toujours par le même sentier et dans le même groupe un site assez sauvage surnommé « l’Antre des sorcières», puis, laissant sur la gauche le sentier qui mène à la Terrasse des Éléphants et que l’on reprendra plus tard, on continue tout droit jusqu’à une sorte de petit pont rustique qui mène au rocher du Tigre.
Ce rocher est tout simplement une masse de grès isolée du massif, mais autour de laquelle a poussé une végétation luxuriante qui lui constitue une parure remarquable. d’ailleurs, le site est assez impressionnant. À l’entour du rocher du Tigre, se creuse un gouffre d’au moins une trentaine de mètres de profondeur, que cache de magnifiques fougères arborescentes mais qui n’en serait pas moins redoutable si l’on se laissait choir dans cette immense excavation.
C’est sur ce rocher que, lors des premières exploitions du Bo’kor, des topographes et des géomètres envoyés en mission, virent un jour un tigre, qui, à leur approche, ne parut nullement surpris et pendant plus d’une heure considéra les nouveaux venus sans faire un mouvement.
Bien entendu, les explorateurs, lesquels n’étaient pas armés, étaient tout disposés, dès le premier mouvement de l’animal, à prendre la fuite, mais le tigre, malade sans doute et d’ailleurs isolé des voyageurs par un gouffre de verdure profond et assez large (il n’y avait, naturellement, pas de pont à celte épocpie), parut se désintéresser de ses ennemis. Sans doute, était-ce un animal malade, —il le paraissait d’ailleurs— qui s’était réfugié là. Mais le nom de «Rocher du Tigre» est resté au site.
Quittant le rocher du Tigre, on retrouvera, sur la droite, le sentier qui mène à la Terrasse des Éléphants, sorte de vaste clairière qui domine en falaise la vallée vers le Golfe de Siam. C’est sur cette immense chaussée que passent à des époques assez régulières les éléphants sauvages qui, suivant la coutume de ces animaux, font deux fois dans l’année leurs migrations. En effet, on peut accéder assez facilement sur le plateau par cette terrasse. Les éléphants montent donc, parles fortes chaleurs, de la vallée recouverte de forêts jusque sur le plateau, où ils viennent chercher, sans doute, la fraîcheur et les eaux vives.
Le paysage découvert de la chaussée des éléphants est, d’ailleurs, tout à fait grandiose. On discerne au loin, dans le golfe, Phu-quoc, dont la forme, vue de cette terrasse, diffère totalement de l’aspect qu’on lui découvre de la terrasse de l’hôtel. On peut retrouver l’auto, soit en revenant par le même chemin, le long des rochers botryoïdes et de « l’antre des sorcières» ou par une espèce de trouée à travers la forêt, laquelle trouée revient vers la roule, mais alors il faut avoir eu soin de faire descendre l’auto jusqu’à celte trouée, afin de ne pas être contraint de remonter jusqu’aux rochers des Bénitiers.
D’ailleurs, il existe encore un troisième chemin pour revenir vers la route. C’est un sentier qui serpente à travers bois et qui vient retomber à peu près 1 km 500 plus loin au minimum, où la route fait un coude assez brusque et domine, par une échappée à travers la Corel, tout le paysage vers la gauche du golfe. Remontant donc en auto, nous arrivons quelques kilomètres plus loin au site du km 22, appelé site Albert Sarraut, (pie nous avons eu déjà l’occasion de décrire précédemment.
Peu après ce merveilleux site Albert Sarraut qui domine de sa vaste terrasse un paysage incomparable, on voit d’abord, presque en bordure de la falaise, la villa du Résident de Kampot, puis le bâtiment des Travaux publics, enfin les pâturages qui sont destinés en saison des pluies à servir aux troupeaux du Val d’Émeraude.
Mais les voyageurs connaissant déjà le site Albert Sarraut, nous ne nous attarderons pas à le décrire et nous prendrons, juste en face de la villa du Résident de Kampot, un sentier au pied duquel d’ailleurs re trouve un écriteau et qui serpente au liane d’une colline. On parvient par là jusqu’au Robinson, un des plus beaux sites à cause du panorama circulaire que l’on découvre de ce sommet. En effet, partout ailleurs, alors que la vue est fermée au moins d’un côté, ici en se trouve vraiment sur un pic isolé où la vue peut s’étendre tout alentour, soit vers le pays de Kampot et la plaine, soil vers le golfe, soit vers le plateau du Bo’kor, dont on discerne, dans le lointain, quelques pics bleuâtres, entre autres le PnomSaphir.
Auprès du site Robinson se trouvait naguère un arbre, avec une sorte de petite terrasse artificielle formant « robinson», mais cet arbre qui domine tout le paysage, a été frappé par la foudre et l’en procède actuellement à la reconstruction d’un nouveau kiosque. Il y a généralement beaucoup de brise sur le sommet du site du Robinson et le lieu offre peut-être les plus belles promenades qui puissent se faire au Bo’kor.
IX.
Promenades à faire à pied
Ce qui caractérise cette magnifique station d’altitude qu’est le Plateau de l’Éléphant, c’est, nous avons eu déjà l’occasion de le dire, le nombre considérable de promenades qui peut y être fait, tant à pied qu’en automobile et qui, toutes, sont délicieuses.
En effet, pour ce qui concerne les promenades à faire à pied, lesquelles sont plus nombreuses que les promenades sur route, elles ont ceci de charmant qu’on peut sortir au Bo’kor à n’importe quelle heure et qu’il y fait toujours une température idéale.
D’autre part, même aux heures qui peuvent paraître relativement lièdes, comme toutes les promenades en question se font par des sentiers sous bois très ombreux et très frais, on peut même aller jusqu’à dire qu’il n’y a pas, pour le promeneur intrépide, de sieste à faire au Bo’kor, et l’on peut continuellement se promener sans se fatiguer.
Ajoutons que l’équitation et le cyclisme peuvent être pratiqués avec agrément au Bo’kor.
Promenades à faire à pied.
Mont Bokor
Signalons, tout d’abord, l’excursion à faire au Mont Bo’kor et à ses environs. Le Palace, en effet, n’est point bâti au point culminant du plateau ; ce point culminant, le Bo’kor, se trouve à environ 1 kilomètre de l’hôtel.
Pour s’y rendre, on peut emprunter, à droite, en sortant du Palace, la voie actuellement en construction qui conduit au Camp des Prisonniers.
Chemin faisant, les touristes pourront visiter ce camp, à peine distant de 500 mètres de l’hôtel, et qui, certainement, est une curiosité du pays du Bo’kor. Il faut songer, en effet, que toutes les roules, toutes les constructions, tous les travaux d’art qui ont été réalisés au Bo’kor, l’ont été grâce à l’emploi de la main-d’oeuvre pénale.
Du Camp des Prisonniers, plusieurs sentiers sur la droite, conduisent au Bo’kor et à Bella vista. Les plus agréables à suivre sont ceux qui longent la falaise.
D’ailleurs, il est à noter que, sans même passer par le Camp des Prisonniers, on peut facilement, en longeant la falaise qui surplombe à pic le magnifique panorama de Golfe du Siam, parvenir aux mêmes sentiers et, toujours le long de la falaise, gagner Bo’kor et Bellavista.
Après une montée assez facile et peu fatigante, le touriste arrive à une éclaircie soudaine dans la forêt, c’est le Mont Bo’kor (1007m. d’altitude), qui domine de son immense bloc de grès l’incomparable paysage.
Un kiosque rustique a été édifié au sommet même et une table d’orientation y est en ce moment dressée.
Bellavista
Mais les sentiers qui nous ont amenés au Mont Bo’kor continuent toujours. En suivant la falaise, empruntons-les encore pendant 2 kilomètres et, après une promenade sous des sous-bois délicieux, nous parviendrons à Bellavista, autre point de vue bien nommé, puisqu’il permet à la fois de découvrir toute ta région de Kampot, sans perdre de vue le côté opposé, celui de Yealrinh. De Bellavista, on discerne, vers le nord-est tout le pays de Kampot, Kep et l’incomparable littoral du Golfe de Siam. De l’autre côté, la pointe de Yealrinh, laquelle se prolonge jusqu’à Béam ; enfin, sur le plateau même, le regard plonge dans les frais vallons du Val d’Émeraude. Le touriste a, grâce à la promenade à Bellavista, une impression exacte sur les aspects principaux de ce pays. Bien qu’au cours de cette promenade peu fatigante il aura eu les impressions de vertige d’un paysage de montagne avec les énormes blocs de grès dont quelques-uns, bizarrement taillés par les érosions et qui dominent, à plus de 1000 mètres, un véritable océan de forêt.
D’autre part, le long du chemin, le promeneur aura pu contempler les étranges blocs gréseux de moindre importance qui agrémentent de façon si particulière les paysages du Bo’kor. Ces blocs de grès usés par le temps, le vent, et les pluies, affectent des formes souvent singulières: champignons énormes, monstres accroupis, tètes d’animaux, suspendues en équilibre et dont on se demande comment se soutient le prodigieux échafaudage.
La promenade du site François Baudoin et des Cinq Jonques
De même que pour le Bo’kor et Bellavista, un très grand nombre de sentiers mènent au site François Baudoin et à celui des Cinq Jonques. On peut s’y rendre facilement par la route ; on laisse alors l’auto soit en face l’hôtel Beau Site, où des sentiers montent, à gauche de la route vers le site François Baudoin, soit un peu plus bas, en face d’un sentier où un écriteau avec mention: les Cinq Jonques et une flèche, nous indique la direction de ce petit site forestier.
Mais le plus simple est encore de gagner la Résidence supérieure par l’étroit couloir entre rochers qui surplombent la falaise, de longer un moment la villa du Résident Supérieur, puis, par le premier sentier à côté de la villa des Missions, et sur la gauche, de gagner à travers bois le site en question;
Ce site est constitué par un ensemble de blocs rocheux dominés par un arbre et qui forme en quelque sorte le pendant de Bellavista, mais de l’autre côté de l’hôtel.
Du site François Baudoin, on a l’avantage cependant de discerner beaucoup mieux tout l’ensemble du plateau du Bo’kor. En effet, si, d’un côté, le touriste retrouve le merveilleux paysage de la falaise, de l’autre, il aperçoit, au milieu des bois, seulement interrompus par le tracé blanc des roules, un petit lac qui, en un vallon, miroite au soleil et qui constitue la réserve d’eau de l’Hôtel et de la Station.
Plus proche, apparaissent, le long de la roule, l’hôtel Beau Site et ses dépendances, la villa du Résident Supérieur, la Poste, l’Usine Électrique, enfin, tout l’ensemble du centre même du Bo’kor. C’est donc une promenade à faire dès le début pour qui veut reconnaître aisément par la suite les différents points du pays.
Un rocher du Val d’Émeraude
—Bo’kor: L’enclume (route de Popokvil) —
Les Cinq jonques
Du site François Baudouin, il est aisé de se rendre, par un petit sentier très escarpé et qui longe la falaise jusqu’aux Cinq Jonques, lesquelles sont constituées par de très curieux blocs de grès que les pluies ont séparés et llta es tout à fait à la manière de jonques qui sortiraient des flots. Ces Cinq Jonques, côte à côte, regardent vers la mer et paraissent tout à fait une sculpture taillée par la main de quelque artiste, alors qu’en réalité, c’est un travail de la nature opéré au cours des âges.
La Pagode
Un peu plus loin, toute proche, la petite pagode du Prince Monivong se dresse tsur une sorte de plateforme, dominée par le Stupa du tombeau que le Prince a voulu se faire bâtir dans ce site grandiose.
Des Cinq Jonques, ceux qui ne voudront pas revenir à la route par le même chemin, pourront, en continuant le sentier et revenir vers la roule par un ensemble de sites tout à fait pittoresques et très curieux, entre autres le site du Rocher Germaine ; mais comme cette promenade est assez longue et demande deux bonnes heures de marche, il est préférable de revenir doucement jusqu’à la roule par un des nombreux sentiers qui descendent vers la vallée, côté Bo’kor.
Val d’Émeraude.
C’est une promenade qui peut aisément être faite à pied si on emprunte un des sentiers qui descendent jusqu’au Val. Par la roule, en effet, le trajet est beaucoup plus long et demande, au moins pour le retour, un véhicule.
Au contraire, par les sentiers qui partent de l’Hôtel, du Camp des Prisonniers ou de la Poste, il n’y a guère due 1 km.500 à 2 km.
Pour parvenir jusqu’au Val. Le point de repère le plus sûr pour ne pas s’égarer, bien qu’en somme ceux qui s’égareraient arriveraient fatalement à retomber soit vers la route, soit vers l’usine électrique, le plus simple, disons-nous, est de s’orienter sur la «réserve», le petit lac que nous avons signalé plus haut et qui se trouve dans un vallon à quelque distance de l’usine électrique.
Là, un sentier tracé naguère pour faire passer la ligne téléphonique s’en va directement vers le Val d’Émeraude En saison des pluies, il serait toutefois préférable de prendre un des sentiers parallèles à celui-ci, sur la droite.
En suivant le tracé en question, on ne tardera par à apercevoir d’abord tout un groupe de rochers bizarrement découpés qui dominent le Val d ‘ Émeraude. Ces rochers, ce sont loul d’abord une espèce d’énormes monolithes posés en équilibre sur une sorte de socle, puis, vers la droite, un groupe de rochers surnommés «Les Trois Bergers» parce que tout proches des bergeries du Val d’Émeraude.
Une fois ces rochers franchis, on parvient dans une sorte de petit vallon recouvert d’une prairie d’un vert éclatant et au fond de laquelle coule une petite rivière. De tous côtés sauf à peu près 500 m. de chaque côté de cette rivière, la vallée grimpe à l’assaut des collines environnantes.
Une fois ce ruisseau franchi, on arrive, sur l’autre versant, à une série de jardins en terrasses ; ce sont les jardins agricoles du Val d’Émeraude, le bien nommé. C’est la Station d’agriculture qui fournil au centre du Bo’kor, voire même à Kampot et à Kèp, tous les légumes et tous les fruits de France. En effet, quelle ne sera pas la surprise des touristes de voir s’échelonner sur ces vastes jardins en terrasses, (dont le système d’irrigation fait le plus grand honneur au chef actuel de la station), de voir s’échelonner, disons-nous, pêchers, cerisiers, pruniers, petits pois en fleurs, fraisiers, etc. C’est une surprise absolument merveilleuse pour le touriste que de pouvoir constater avec quel souci d’art a été aménagée celle station, alors que généralement l’idée de ferme ou de station agricole évoque des choses fort utiles, mais en somme d’aspect très prosaïque.
Bokor: Vue générale du Val d’Émeraude
Val d’Émeraude: Les Trois Bergers Nous nous trouvons, ici, en présence d’un véritable petit vallon suisse où les cultures les plus imprévues en Indochine poussent à merveille. Les soucis d’irrigation, loin de nuire à l’ensemble du paysage, lui sont au contraire une parure. Un kiosque dans la vallée, abrite une source, la source Marie Magdeleine. L’eau en est délicieuse et le débit assez considérable en toute saison pour alimenter tout le Val d’Émeraude. Le site du Rocher Germaine.En réalité, nous conseillons de faire celle promenade moitié à pied, moitié en auto, pour les personnes que pourrait effrayer une marche assez longue, cinq ou six kilomètres.
Le sentier conduisant au Rocher Germaine se trouve à gauche de la route de Kampot ; peu avant d’arriver à la route du Val d’Émeraude, un écriteau sur la gauche avertit d’ailleurs les touristes. Néanmoins, attention! Quelques centaines de mètres plus loin, plusieurs sentiers s’offrent aux voyageurs. Il faut laisser de côté ceux qui vont à droite et se diriger nettement vers la gauche. En effet, par la droite, on revient au site Fabre et à la route de Popokvil, tandis que par la gauche, se trouve le vrai sentier conduisant au rocher Germaine. Pendant 2 à 3 kms, un sentier qui longe tantôt un ruisseau aux eaux murmurantes, tantôt des broussailles épaisses, tantôt des gros rochers de grès, mène, après un passage sous une forêt plus dense, au site appelé «rocher Germaine».
C’est un ensemble de rochers dont les uns forment grottes, tandis que les autres masses dominent l’ensemble de la vallée. Les échelles et les bancs qui sont placés là, ainsi d’ailleurs que l’ensemble du paysage, font songer assez à la forêt de Fontainebleau, dont maint touriste se rappellera, à propos de la plupart des sites du Bo’kor.
C’est en effet le même terrain siliceux, les mêmes genres de sous-bois, et les dépressions et les érosions rocheuses qui caractérisent l’admirable forêt de la région parisienne. Au fait, n’est-ce point un des charmes de plus à ajouter au Bo’kor que cette ressemblance avec un des sites les plus universellement appréciés des touristes ?
—
La Val d’Émeraude: Le kiosque de la source Marie Magdeleine
La source Marie Magdeleine captée pour les besoins du Val d’Émeraude Le Bo’kor
Du rocher Germaine, on pourra revenir à la route de Kampot par le même chemin, mais il est préférable, surtout si on est parti assez loin ou si l’on est sorti vers la lin de l’après-midi, de revenir par le site des Cinq Jonques.
La promenade est un peu longue, mais fort agréable; les paysages sont très variés: tantôt on traverse de vastes prairies parsemées d’une multitude de nepenthès, tantôt on passe dans des sous-bois très sauvages. Enfin, après un circuit assez long, trois à quatre kilomètres, on arrive en bordure de la falaise et on tourne alors vers la gauche pour retomber bientôt aux Cinq Jonques et à la Pagode du Prince Monivong.
De là, on peut revenir à pied, à droite, par le chemin déjà décrit, ou redescendre par un des sentiers de gauche qui rejoint, un peu en dessous de l’Hôtel Beau-Site, la route de Kampot.
le grand tour
À vrai dire, une autre promenade est encore possible dans la même région, mais celle-là, nous ne la conseillons qu’aux chasseurs ou aux touristes entraînés et que n’effraieraient pas les promenades dans la brousse. Celte promenade consiste à suivre la falaise après le site les Cinq Jonques et vers le nord. À un certain moment, le sentier s’arrête, il faut passer à travers les herbes en suivant une ancienne foulée où jadis passait un sentier, ce qui peut se constater par les quelques ponts en ruines que l’on rencontre sur le chemin. Il est bon, pour faire cette promenade, de se munir de quelques porteurs et d’emmener des Cambodgiens habitués à la forêt et qui élargiront le passage au moyen du coupe-coupe.
Après une promenade de sept à huit kilomètres, dans une série de sites extrêmement sauvages et où se découvrent, sur la gauche, aux promeneurs les aspects les plus divers et les plus inattendus des panoramas du Golfe de Siam, l’on parvient à une forêt de pins d’où l’on peut retomber sur Popokvil à travers un pays peu frayé des promeneurs et où l’on peut assez souvent rencontrer des éléphants sauvages. C’est donc là une excursion recommandée aux chasseurs beaucoup plus qu’aux promeneurs.
* *
Telles sont les principales promenades à faire sur le plateau du Bo kor et le long de la Côte l’Opale. Mais il demeure certain que chacun des sites indiqués est, par lui-même, un centre d’excursions d’où les promeneurs rayonneront et autour desquels ils feront chaque jour de nouvelles découvertes. La région du Bo’kor et tout le sud du Cambodge offre au visiteur le plus exigeant des possibilités merveilleuses et indéfinies de tourisme.
Val d’Émeraude: La roseraie
Troupeaux au Val d’Émeraude
Un trés grand nombre de rochers de forme très diverse bordent celle roule comme les autres routes du Bo’kor.
La terrasse du Palace à l’époque de la construction (au centre: M. Le Résident Supérieur Baudoin et ses collaborateurs inspectant les travaux).
La pagode et le tombeau du Prince Monivong
Les cinq Jonques
La Côte d’Opale
La suite : Tarif du Bo’kor-Palace